Cette année, on a beaucoup entendu parler de « cancel culture ». Mais c'est quoi au juste la culture de la cancellation? C’est l’appel à boycotter, effacer, annuler un artiste, une marque, ou une personnalité publique de la culture populaire, à cause d’un comportement, d’une déclaration ou d’un acte qui heurte la sensibilité d’un nombre assez important de personnes. Twitter et Facebook semblent être, aujourd'hui, des témoins majeurs de la cancel culture. Un artiste est accusé d'agression sexuelle ? Il est «cancelled». Une personnalité a eu des propos racistes il y a plusieurs années et ses tweets outrageux refont surface : elle est «cancelled» également.
Plusieurs personnalités ont récemment subi des appels au boycottage et à «l’annulation», pour des raisons diverses, variées, mais surtout… pas toujours fondées. Au départ, la cancel culture, c’est un mouvement d’indignation, souvent légitime, contre un fait que la morale réprouve. Mais la morale de qui ? Car, à force de créer des titres qui buzzent, des citations-chocs tirées d’une longue interview/déclaration pour faire parler d’eux, le web et les médias ont leur part de responsabilité. Et il faut garder en tête que les réseaux sociaux, s’ils sont un formidable écho à l’information, le sont aussi pour une info tronquée.
L’un des points positifs de ce mouvement est qu’il permet de lever le voile sur des sujets jusqu'à présent tabou et d'ouvrir un débat autour des discriminations systémiques qui, auparavant, étaient passées sous silence. Mais beaucoup s'interrogent sur les méthodes de ceux qui l'utilisent. Qu'arrive-t-il à une personne "cancelled" ? Outre les contrats rompus, il y a aussi la pression psychologique qui s'exerce. Si la cancel culture est visible en majorité sur les réseaux sociaux, elle engendre bien souvent une forme de cyberharcèlement sans nom. Et ce qu'il faut rappeler, c'est que le harcèlement en ligne est ancré dans le réel et entraîne un isolement des personnes qui la subissent, la perte d’abonnés sur les réseaux sociaux peut être conséquente, et le contrecoup est considérable. Pire encore, cela peut impacter sur les proches, la famille et créer de réelles séquelles psychologiques.
Ce phénomène rappelle la responsabilité des personnes accusées de propos problématiques, mais aussi celles des personnes qui sont ancrées dans cette cancel culture et la propagent. L'idée de ce mouvement part d'un principe de dénonciation pour faire progresser les luttes sociales et leur donner davantage de visibilité. En effet, elle lève le voile sur de véritables discriminations et c'est tant mieux. Mais force est de constater qu'elle engendre une haine telle qu'on en oublie peut-être l'esprit de bienveillance que la lutte contre les injustices devrait être.